Sheikh Abd Al-Hamîd Kishk (Fin)
Sheikh Kishk était un prédicateur très actif. Il fit de
la mosquée un véritable centre d’éducation publique. Il dispensait,
pratiquement tous les jours, des cours d’exégèse du Coran et enseignait
la vie du Prophète, la jurisprudence et la théologie. Sa renommée était
en constante croissance. Il raconte que la première fois où il fit le
sermon du vendredi dans sa mosquée, l’audience n’était constituée que
de deux rangs. Très vite, les cafés, les rues et les commerces
devenaient déserts lorsque Sheikh Kishk donnait une leçon dans la
mosquée, devant une audience sans cesse croissante. Il fut transféré à
une grande mosquée du Caire, la Mosquée de `Ayn Al-Hayâh où sa renommée atteignit des sommets.
Sheikh Kishk était caractérisé par un style unique et
saisissant dans la prédication. Son éloquence, la force de sa voix, la
beauté de son style, la sincérité de ses propos ouvraient les cœurs de
son auditoire. A son écoute, les cœurs débordaient d’émotion.
En 1965, un émissaire du gouvernement lui demanda de déclarer publiquement que Sayyid Qutb,
un célèbre penseur islamique révolté contre le gouvernement nassérien,
était un apostat ! Sheikh Kishk, qui avait beaucoup de respect pour la
pensée du martyr Sayyid Qutb, fut emprisonné pour avoir refusé l’ordre du gouvernement. A l’image de Sayyid Qutb,
Sheikh Kishk ne craignait que Dieu, et il dénonça haut et fort les abus
du gouvernement malgré les terribles tortures qu’il a subies en prison
pendant trois ans. Sa tristesse fut énorme quand il apprit, depuis sa
cellule de prison, l’exécution de Sayyid Qutb en 1966.
Au début des années 70, les nombreux disciples de
Sheikh Kishk commencèrent une tradition qui donna à la réputation du
Sheikh une dimension internationale. Toutes ses leçons et tous ses
sermons du vendredi étaient enregistrés sur cassettes. Ses cassettes
étaient parfois distribuées de façon irrégulière. Mais à la fin des
années 70, les cassettes de Sheikh Kishk étaient largement appréciées
dans tout le monde arabe depuis le Maroc jusqu’aux pays du Golfe. Une
grande partie de la communauté musulmane arabophone veillait à se
procurer ces cassettes, intitulées Madrasat Muhammad (A L’Ecole de Muhammad).
Sheikh Kishk avait l’habitude de s’impliquer, dans ses
sermons et ses leçons, dans tous les problèmes liés la société. Il
lutta contre toutes les formes de déviance, d’inconduite ou d’abus. Il
disait : « La chose que j’ai le plus haïe au monde, c’est
l’injustice. » Il combattait les injustices en élevant haut sa voix
avec le cri de vérité. Son comportement digne lui valut de nombreux
déboires avec des membres du gouvernement...
Ses écrits:
Sous la
présidence de Anwar As-Sâdât, Sheikh Kishk fut emprisonné une deuxième fois. Cette
fois, son séjour en prison fut court et il retrouva la liberté après
l’assassinat d’As-Sâdât. Suite à sa libération, il fut interdit de prédication.
Il se retourna alors vers l’écriture d’ouvrages islamiques (plus d'une
trentaine).
Il laissa de nombreux autres ouvrages à la postérité avant que son âme
ne réponde à l’appel de son Seigneur en 1996, pendant qu’il était
prosterné dans sa prière. Que Dieu l’englobe dans sa Miséricorde et
qu’Il le loge dans les hautes demeures du Paradis.
FIN
Source: islamophile